28 nov. 2009

November rains

Je vis parfois des mois à thèmes, des mois où tous les évènement se joignent et s'entrecroisent selon un schéma qui n'apparaît qu'une fois le thème révélé.
Ce mois de novembre s'est déroulé comme après une grosse averse, le torrent creuse son sillon.

Dans les premiers jours, je tombai sous le charme d'une Eau Vive. J'étais hypnotisée par la majesté de ses volutes, par la fluidité avec laquelle elle roulait sur les rochers, par le son haut et clair de son rire et l'éclat brillant de ses prunelles.
Ce soir-là, l'Eau Vive était accompagnée de sa discrète amie, la Brise d'un Soir d'Été, dont le sillage au parfum de vanille ressemble à la caresse que n'ose pas sa timidité. Cette rencontre me laissa toute rêveuse devant la variété des beautés de la nature.
Quelques jours plus tard, l'Eau Vive décida de réunir les éléments amis au foyer de la Braise afin d'y célébrer une nouvelle révolution.
Après avoir dûment festoyé et vu partir les derniers convives, restaient encore l'Eau Vive, la Brise d'un Soir d'Été, la Terre en invitée et la Braise en son âtre, prêts à répondre à l'appel de la volupté.
Se laissant aller à la douceur de la nuit, l'Eau Vive entreprit de faire de la Terre son lit, tandis que la Braise ravivait ses flammes au souffle de la Brise.
Dans le tourbillon des éléments, de douce, la nuit se fit brûlante et humide, la flamme, l'eau, l'air et la terre s'unissant dans une danse à faire pâlir les étoiles.
Ce n'est qu'à l'aurore naissante que Morphée laissa l'Eau Vive s'apaiser, bercée par la Brise et la Braise à nouveau se blottir au creux de son foyer de Terre.

L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais nous n'étions encore qu'au début du mois.

Après une semaine, redevenus humains, c'est l'âge avancé de l'Homme que nous célébrions. Tout à la chaleur du flot continu des amis, l'Homme n'y vit que du feu lorsqu'un tsunami à démonter les portes apporta la joie indicible des belles surprises que l'amour inspira et que l'amitié permit.
Et c'est bien une larme qui perla à mon œil en voyant le bonheur dans celui de mon Homme.

L'histoire, encore une fois eût pu s'arrêter là, mais nous n'étions pas encore à la fin de ce mois.

Un soir, j'attrapai froid. Aimer rentrer à pieds sous la pluie de novembre est à ce prix, parfois. La fièvre et la musique ayant eu raison de projets une fois de plus aquatiques, j'aurais pu me résigner à rester au sec. C'était sans compter la visite de l'Eau Qui Dort.
L'Eau Qui Dort est un lac, du moins je le croyais, dans lequel j'avais déjà plongé des yeux rêveurs. Sa surface paisible absorbe les images et les sons et vous rend en échange un reflet sublimé. L'Eau qui dort m'offrit de soulager mes maux et un bouquet de roses plus tard, fit honneur à sa réputation. De ce miroir lisse surgit une montagne au sommet de laquelle je me trouvai juchée. Son flux et son reflux me laissèrent épuisée et dans un cri, enfin, mes douleurs envolées.

Je vous écris ce mot au retour d'une soirée où une enfant de cinquante ans me ramenait aux bras de mon père en faisant pleuvoir sur toute une salle les perles de sa voix de cristal.

Le mois de novembre n'est pas encore tout à fait terminé et je m'en vais retrouver la douce chaleur de mon cher Embrasé.

4 nov. 2009

Maelström

J'adore ce mot.. il est imbitable (on dit ça en radio), avec sa diphtongue, son tréma et toutes ces consonnes au milieu, un gros bordel en "lstr".

Ma vie du moment aussi, c'est un gros bordel en "lstr".

Il y a l'Éternel Voyageur qui revient de ses tribulations et qui encore une fois va atterrir chez moi. Sa valise sera pleine des merveilles qu'il aura vues et qu'il voudra me faire partager. Ses yeux seront pleins de l'amour qui ne s'est jamais éteint et que nous avons renoncé à définir. Sa présence sera comme toujours l'occasion de rires, de tendresse et immanquablement de colères homériques. J'attends ce retour avec une hâte mêlée d'appréhension.

Il y a la Grande Dame à qui la vie fait la gueule. Elle vient réfugier son âme bleuie sous les coups du sort dans le giron des rares amis que le malheur n'a pas fait fuir. Sa valise sera pleine du désespoir qui la chasse de chez elle et ses yeux seront pleins de l'orgueil de celle qui a tant souffert qu'elle ne demande plus d'aide. Pour elle il me faudra déployer les trésors d'humour et de légèreté qui me restent et faire comme si cette seule énergie pouvait panser la jambe de bois qu'elle voudrait brûler.

Il y a le Nouvel Ami au regard doux et à la parole sage. Le trouble qu'il provoque par l'intérêt qu'il me porte, par la proximité de nos interrogations et des réponses trouvées. La curiosité d'une nouvelle âme à aimer, d'un nouvel esprit à explorer.

Et puis il y a l'Homme qui me cerne de sa tendre bienveillance. Il a trouvé dans mes défaillances l'occasion de m'offrir ce que j'ignorais désirer. Il donne l'amour sans le nommer mais connaît les mots qui apaisent les peurs et les caresses qui consolent des chagrins. Et je me surprends à chaque pas à vérifier qu'il est bien là, prêt à me rattraper si je tombe.

Alors je reste droite, debout au cœur du maelström. Capable d'accueillir ensemble la joie des retrouvailles et la peine du départ, capable d'ouvrir ma vie à ceux qui veulent y entrer parce que je suis forte de la chaleur de ma flamme.