30 nov. 2010

In the Mood for Love

C'était un soir de novembre, nous avions décidé de célébrer nos amours et nos bonheurs. Nous trois, Thomas, Aurélien et moi, et vous tous, nos familles, nos amis, nos aimé(e)s.
La fête a laissé dans les mémoires les couleurs floues des rires, des rencontres, de la musique, des étreintes. Ce soir-là, plus que jamais, les fées ont soufflé sur le berceau de nos amours grandissantes et le vent a dispersé leur don sur tous nos invités.
Dans l'effervescence, nous avons cependant oublié, laissé de côté, le symbole célébré.

Nous trois. Eux deux, que je voudrais vous présenter.

Après des mois de lutte, j'avais perdu mon père. J'ai trouvé auprès des amis la chaleur du réconfort et de l'autre côté de l'océan, mon cœur avait battu, à nouveau. J'étais prête à recevoir la vie qui m'attendait. Elle s'est présentée un soir de juillet et portait le doux nom de Thomas.

Une soirée m'a suffit à savoir qu'il était celui que j'avais attendu et espéré. Le brio, l'intelligence pétillante, l'humour des mots, la tendresse au bout des doigts, le velours dans le regard, déjà ce premier soir, je l'aimais.
A travers les quelques mois de passion, la fuite, le retour, une année entière de chaos, rien n'altérait cette évidence. Cet amour-là ne dépendait pas de sa réciprocité.
Et puis, magie, il s'est décidé. Il prendrait le risque de vivre enfin.. à mes côtés.

La première pierre de l'édifice, la plus solide, nous l'avons baptisée : Liberté.
Nous voulions nous aimer librement et nous offrir mutuellement la liberté d'aimer ailleurs, différemment.
Notre contrat portait un nom, polyamour, et d'autres que nous marchaient déjà sous sa bannière. Nous nous sommes joints au mouvement.

La première rencontre avec les polyamoureux fut aussi l'occasion de mon premier échange avec Aurélien. Conversation muette de regards qui se croisent à travers les rires. Sa seule présence assourdissait les sons, tamisait les lumières, son silence et son regard suffisaient à le faire exister.
Après quelques semaines de timides approches, Aurélien et moi nous sommes finalement trouvés. Notre première nuit me laissa hébétée de bonheur, de passion, de sensualité.

Très vite, j'annonçais à Thomas que nous serions trois, désormais.
Aurélien m'a ouvert grand les portes de son cœur et de sa vie avec une déconcertante simplicité. Nos vies s'emmêlent, s'enchevêtrent, fusionnent dans nos passions partagées, la musique, la radio, la photo, dans les paradoxes de nos personnalités, la douceur, la force, l'orgueil, l'humilité, la jalousie, la générosité ; nous descendons chaque jour un peu plus loin en nous-mêmes. Tout sous l'œil d'Aurélien gagne en intensité.

Un an plus tard, aujourd'hui, voici mes amours, Thomas et Aurélien.
Chacun d'eux a su cultiver à sa façon les jardins mitoyens. Pour mon bonheur et ma sérénité, ils se sont tout d'abord toléré, puis apprécié. Leur relation aujourd'hui est d'une discrète mais sincère complicité. Chacun d'eux est à la fois source et cascade, chacun d'eux à son tour m'apaise et me bouleverse. A chacun d'eux, j'offre tous les jours mon temps, mon énergie, ma plus profonde admiration et tout mon amour.

Thomas et moi nous sommes placés sous la très officielle protection de la "Grosse Marianne". Il est mon compagnon, le ciment de ma vie, le père que je désire pour mes enfants, mon amour.
Aurélien, privé par nos choix de statut officiel, n'en est pas moins près de moi, chaque jour. Il est mon inspiration, mon souffle, mon refuge, mon amour.

Vous tous qui avez partagé cette soirée de fête avec nous, vous qui n'avez pu être présents qu'en pensée, vous qui nous faites aux uns et aux autres le cadeau de votre amitié, vous qui n'êtes plus là pour vous en réjouir mais qui n'avez jamais quitté nos pensées, vous enfin, dont le scepticisme n'entache pas la bienveillance,
Sachez que nous sommes heureux.