19 nov. 2008

Du muscle!

Je me suis toujours demandé à quoi pouvait ressembler la vie intellectuelle d'un bodybuildé.
Bon, avant de prendre des tomates pour crime de préjugés anti gros biceps, j'admets qu'il doit certainement y en avoir qui pensent. Je n'en ai juste jamais rencontré.
En général, le bodybuildé ne sort jamais sans sa fitness girl, chacun son royaume, aussi je ne pouvais m'interroger que de loin.
Mais -et là me direz-vous, la vie est bien faite- j'ai fini, ô joie! par en coincer un pour toute une soirée au cours de mes tribulations célibataires.
Le spécimen qui m'est échu était parfait! Un archétype!
Grand, brun, le textile moulant, la mèche gominée, le poil soyeux, la truffe fraîche, non, je m'égare.. et le regard... vide comme mon frigo après une semaine de nouba, c'est dire!
Quant aux gros muscles sculptés dans le marbre, ils étaient tous là. Il n'a évidemment pas manqué de me les faire compter!
Mais j'anticipe.. revenons à cette rencontre mythologique, genre Sand et Musset, Sartre et Beauvoir, Boule et Bill.. La rencontre d'X et moi était inscrite dans les étoiles.
J'étais arrivée en avance (une fois n'est pas coutume) au café fixé pour le rendez-vous, histoire d'assister à son entrée. Je n'ai pas été déçue..
Grand comme une montagne, il avançait en conquérant, le torse bombé et les jambes juste assez écartées pour ne pas s'écraser les noisettes entre des cuisses grosses comme des baobabs.
Déjà, mesquine que je suis, je me régalais!
Lorsqu'il est arrivé à ma table, j'ai eu juste le temps de m'affliger de l'odeur acide et boisée d'une eau de toilette qu'il devait avoir confondue avec sa lessive tant l'odeur rayonnait autour de lui, avant qu'il me donne deux coups de boule latéraux en guise de bonjour.
Il s'installa en face de moi dans un confortable fauteuil club en soupirant d'aise, sans doute de pouvoir enfin libérer ses cerises de leur étau, et me lança joyeusement : "quel temps de chiotte!"
J'étais conquise!
Assez rapidement, et pour ne pas lui laisser le temps de me sortir toutes les banalités du répertoire, j'entrai dans le vif du sujet.
-Tu as l'air en forme. Tu es très sportif?
-Ouais, je suis culturiste.
-(Tu m'en diras tant!) Depuis longtemps?
-Dix ans. Un jour j'en ai eu marre d'être le bon gros de service, je suis entré dans une salle et j'en suis plus ressorti.
-(Tu m'étonnes!) Et maintenant, tu te plais?
-Bah oui, c'est quand même plus beau comme ça! Au lycée on m'appelait Bouboule! C'est comme une revanche sur ceux qui se moquaient de moi. Et puis, les nanas...
-Oui? (Oh oui! raconte!!)
-Ben elles adorent toucher. Surtout les tablettes de chocolat. Tu veux voir?
-... (là, bouche bée qu'il m'offre de se dépoiler en plein café après 10 minutes de conversation, j'ai pris mon courage à deux yeux) Montre moi.
-... (Il montre, le bougre!)
-Très joli!
Et sinon, tu as des passions dans la vie?
-Ben, pas trop. Ce genre d'oeuvre d'art, ça prend du temps (sic!)
-Je vois, oui..
Bon, je vous épargnerai les détails d'une conversation qui consternerait quiconque ne fait pas une thèse de sociologie ou de psychiatrie sur la communauté culturiste.
Toujours est-il que j'ai eu la réponse à ma question. Le cerveau du bodybuidé a migré quelque part entre ses biceps et ses abdominaux pour ne plus jamais réintégrer sa place originelle.
Et s'il s'en est retourné déçu (ou pas) que ses reliefs ne m'eussent pas plus inspirée que ça, je repartais quant à moi riant déjà de la belle épitaphe dont il doit rêver :
"Il était musclé".

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