9 oct. 2009

Mozart chez les Zoulous

Vous avez-vu comme moi disparaître le soleil ces derniers jours.. ne cherchez plus, il est au théâtre du Châtelet jusqu'au 18 octobre.

Les amateurs de musique, notamment d'opéra et tout spécialement de Mozart connaissent par coeur l'oeuvre la plus populaire de la 2e moitié du XVIIIe siècle, j'ai nommé "La flûte enchantée". Un peu comme un Starmania de l'époque, cet opéra a été un véritable "arbre à tubes". Aussi, il est difficile pour le connaisseur de se laisser surprendre..
Jusqu'à cet improbable "Impempe Yomlingo".

Pour être tout à fait honnête, j'y allais un peu en traînant les pieds.. Grosse journée, grosse fatigue, voire léger blues, j'avais plutôt une grosse envie de pizza/télé/couette.. Mais j'étais attendue par ma maman, Mozart et l'Afrique.. grosse affiche!

En piste, donc!




Dès l'ouverture on est dans le bain.. Un chef, pieds nus et en treillis mais baguette à la main, dirige en sautillant un orchestre de balafons. Chaque note, chaque nuance et chaque intention y est, tout Mozart en percussions.. et mon jeudi morose se transforme déjà en sourire béat.
En fait, du début à la fin, la partition et le livret sont scrupuleusement respectés. Les paroles sont traduites et chantées en anglais et en xhosa mais loin d'en souffrir, le phrasé y gagne une nouvelle fraîcheur.

La mise en scène, la distribution et les arrangements rendent à cette grande oeuvre le rang suprême qu'elle n'aurait jamais dû quitter de divertissement populaire.

J'ai frôlé le fou rire en écoutant chanter Papageno et ses "Birdies", la puissance comique de ce Papageno est tout simplement sensationnelle!
Les esprits-guides apparaissent en revival de la Motown des 60's façon Supremes (elles s'appellent d'ailleurs les "Spirits") et plus tard en nuisettes roses et ont un sacré swing.
Pour la première fois (j'ai vu cet opéra sur scène une dizaine de fois en vingt ans), même le romantisme un peu mièvre de Tamino et Pamina ne m'a pas fait plisser le nez.
La sérénité de Sarastro et la colère de la Reine de la Nuit se diffusent avec la même énergie, sans pour autant tomber dans le manichéisme que j'ai souvent eu l'occasion de regretter dans les versions classiques.

L'interprétation est donc réussie quoiqu'elle présente parfois quelques faiblesses vocales que l'on aurait du mal à pardonner à des interprètes lyriques. Mais les pièges sont détournés avec grâce et même une certaine astuce.



Le grand air de la reine de la Nuit, peut-être le plus célèbre et le plus difficile de tout l'art lyrique, toujours très attendu, est audacieusement négocié par son interprète : certes, elle peine un peu sur le staccato mais s'en sort en jouant les nuances, et surtout sur la grande vocalise liée, elle parvient à chanter chaque note en modifiant légèrement la mesure. Un moment finalement très émouvant car l'écueil est magistralement contourné et sublime le génie de l'écriture.



La mise en scène est également un tour de maître puisque chaque protagoniste est à la fois musicien, chanteur et danseur et les postes s'échangent au fil des scènes en un ballet virevoltant.

En parlant de ballet, les scènes chorégraphiées, si chères au compositeur sont ici un régal pour les yeux. La danse africaine est chez elle en mozartie et très bien servie par des costumes traditionnels flamboyants de couleurs.

Je me rends compte en écrivant qu'aucun mot ne saurait décrire la chaleur et la jubilation contagieuses de ce spectacle. Aussi, je m'en tiens là et prends le pari que vous aussi aurez envie de sauter du velours rouge des sièges pour danser frénétiquement au rythme des tam tam de Mozart.

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